Retour sur le naufrage du Grande America

Le 12 mars 2019, le navire italien Grande America coulait à 300 km à l’ouest de La Rochelle (Charente-Maritime). Une catastrophe écologique sans précédent compte tenu des marchandises transportées par le navire : plus de 2000 voitures, 365 conteneurs, des tonnes de gasoil, de fioul et des litres d’huiles. Autant de substances dangereuses déversées dans l’océan sous forme de nappes d’hydrocarbures. Ce naufrage vient allonger la longue liste des naufrages du XXIème siècle, à côté du Prestige en 2002, qui ont profondément affecté la faune marine.

Naufrage du Grande America, des nappes d’hydrocarbures au large de la côte Atlantique

Dans la journée du 10 mars 2019, l’équipage du navire italien Grande America déclare le départ d’un incendie. Après évacuation des personnes à bord, les opérations de secours se multiplient pour tenter de maîtriser l’incendie, sans succès. Finalement, 2 jours après le départ des flammes attisées par les rafales, le navire Grande America coule avec une quantité astronomique de produits dangereux à son bord. C’est donc à 333 kilomètres à l’ouest des côtes du Finistère et à 4600 mètres de profondeur qu’il finit son périple qui devait le mener jusqu’à Casablanca (Maroc). La fin d’un voyage pour lui et le début d’une catastrophe écologique.

Grâce au manifeste de marchandises dangereuses obligatoire sur tous les navires, la liste complète des marchandises dangereuses en cargaison est parue le 21 mars 2019. Au total, le Grande America transportait 2100 véhicules, 365 conteneurs, plus 190 tonnes de gazole marin, 2200 tonnes de fioul et 70000 litres d’huile. Les marchandises dangereuses regroupent des substances en tout genre : térébenthine, phosphate de zinc, prothioconazole (fongicide), résine, acide chlorhydrique, acide sulfurique… Sans compter les produits de parfumerie, les pneus, les engrais, métaux et alliages transportés par le navire. Désormais déversés dans l’océan, quels vont être leurs impacts sur la faune marine ?

Quels impacts sur la faune marine ?

Selon Jacky Bonnemains, de l’association Robin des Bois, « tout est inquiétant dans cet inventaire ». Le 14 mars, les premières traces de pollution sont constatées avec le développement d’une première nappe d’hydrocarbures d’environ 10 km de long sur 1 km de large. Le lendemain, le Centre d’Expertises Pratiques de lutte Antipollution (CEPPOL) coordonne les opérations de lutte antipollution dans le but d’éviter au maximum la marée noire dont nous connaissons les conséquences et les dangers. Mais une 2ème et une 3ème nappe de fioul ont été observées. Selon les météorologues et océanographes, elles devraient toucher les côtes françaises à partir de la dernière semaine de mars…

Mais, au-delà des nappes, les conséquences sur les milieux marins ont déjà commencé. Les impacts risquent d’être d’autant plus importants que la cargaison du Grande America s’est déversée dans une zone de l’Atlantique très riche en poissons, planctons et mammifères marins. Des conséquences sous l’océan mais aussi sur terre… Malgré les propos rassurants du gouvernement sur une possible marée noire, de nombreuses associations s’apprêtent déjà à venir en aide aux prochains oiseaux mazoutés. Ce nouveau naufrage rappelle à quel point le trafic maritime est source de danger pour l’environnement. D’une part, en raison du fioul lourd utilisé comme carburant par les navires et, d’autres part, par les naufrages accidentels et les abandons de déchets.