Fonte de l’Arctique : une catastrophe pour certains mais une opportunité économique pour d’autres

L’OMPE, comme beaucoup d’ONG et d’associations environnementales, s’inquiète de l’avenir de l’Arctique. Comme prévu par les précédents rapports, la fonte des glaces arctiques et (antarctiques) s’accélère, portée par le réchauffement climatique. Et les nouvelles prévisions du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) sont loin d’être optimistes. La fonte des glaces est une situation inquiétante pour la plupart d’entre nous et une problématique contre laquelle l’OMPE se bat depuis longtemps. Malheureusement, elle est aussi perçue par certains comme une opportunité économique. En fondant, l’Arctique laisse place au transport mondial de marchandises, à l’exploitation des ressources aquatiques et facilite l’accès aux ressources en gaz. L’art de faire de l’argent sans état d’âme…

Les enjeux économiques de la « route du Nord »

Nous connaissons depuis longtemps les conséquences si les glaciers de l’Arctique venaient à disparaître. Leur fonte engendrait montée des eaux, inondation des grandes villes et régions côtières, augmentation de la fréquence des cyclones, manque d’eau potable ou encore bouleversements au sein de la biodiversité. Nous subissons déjà certains d’entre eux à l’image des réfugiés climatiques et des îles englouties par la montée des océans. Mais, si certains s’intéressent de près à la fonte des glaces, ce n’est pas pour trouver une solution mais par intérêt économique.

Au fur et à mesure que la banquise fond, elle ouvre une nouvelle voie maritime baptisée la « route du Nord », le « passage du Nord-Est » ou encore la « route de l’Arctique ». Une réelle opportunité qui aiguise l’appétit des grandes sociétés. Et pour cause : cette voie navigable permettrait au porte-conteneurs de rejoindre l’Asie et l’Europe et de réduire la distance à parcourir de 40%. Il en résulterait ainsi une réduction des délais d’acheminement, des coûts en carburant et en main d’œuvre. Selon les prévisions, la route du Nord accueillera 15% du trafic maritime mondial.

Mais elle n’est pas seulement intéressante pour les armateurs et les sociétés de navires marchands. La fonte des glaces arrangerait aussi les affaires des sociétés halieutiques qui exploitent les ressources aquatiques. En effet, les eaux froides de l’Arctique sont particulièrement poissonneuses, bien plus que celles de l’Antarctique. Enfin, l’Arctique est riche en ressources gazeuses dont l’essentiel des réserves de gaz naturel découvertes jusqu’ici appartient à la Russie.

Quels impacts sur l’Arctique ?

L’augmentation du transport maritime et les nouvelles exploitations dans les eaux de l’Arctique ne seront pas sans conséquences sur l’écosystème. Sauf s’ils possèdent des moteurs « propres, les bateaux polluent les eaux et l’air par la combustion de carburants fossiles. Les associations s’inquiètent notamment des particules de suie. L’ouverture d’une nouvelle voie maritime fait également craindre une pollution par les eaux usées et les ordures rejetées par les bateaux ou causée par les accidents. A titre d’exemple, un navire de pêche en Arctique génère 16 000 m³ de déchets pétrolier et plus de 285 000 tonnes d’eaux d’égout (eau noire) par an. Sans compter l’eau de cale, les rejets de boues, les déchets plastiques… Le développement du trafic maritime arctique entraîne également des perturbations physiques, chimiques et biologiques : nuisances sonores, introduction d’espèces exotiques…