Les lémuriens sont une espèce endémique de l’île de Madagascar. On recense une centaine d’espèces sur le territoire. L’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) les a décrétés en 2012 « mammifères les plus menacés ». Ils sont notamment victimes :
- de la déforestation,
- de la mondialisation,
- des crises politiques dans le pays
- de trafic
Le lémurien, espèce endémique face à de multiples menaces
Le lémurien menacé par la déforestation
Les lémuriens qui sont des animaux arboricoles, voient aujourd’hui leur habitat considérablement réduit. Leur terrain de jeu composé de forêts tropicales avec des formations végétales arborées hautes et dense dans un climat chaud et très humide, recouvrait autrefois la totalité du territoire. Il n’en reste aujourd’hui que 10 %.
L’exploitation des forêts malgaches revêt plusieurs aspects :
- La culture sur brûlis (tavyen malgache), qui est un moyen de défrichement et de fertilisation, permettait aux indigènes de tirer parti de la fertilité des sols forestiers et de récupérer les terres pour l’agriculture (notamment des rizières). L’appauvrissement des sols s’accroissant au fur et à mesure des années, renforcé par une agriculture intensive, les exploitants doivent réitérer cette pratique sur d’autres parcelles. Plusieurs études ont démontré que même après une 30taine d’années, ces terrains agricoles abandonnés sont envahis par un environnement herbacé, mais que la forêt n’est pas capable de se régénérer sur ces terres brulées. Bien que ces pratiques soient aujourd’hui interdites, elles sont toujours utilisées et contribuent à la destruction de l’habitat naturel des lémuriens.
- L’exploitation des essences précieuses telles que le bois rose, les palissandres et les ébènes participent à la déforestation du territoire malgache, bien que la coupe et l’exportation de rondins soient officiellement prohibées.
- L’exploitation minière de l’île, accompagnée de ses risques environnementaux, n’entraînent pas les retombées économiques attendues pour le pays. Les fonds générés sont détournés pour la contrebande, et privent ainsi la population d’une partie de son capital, et les lémuriens de leur habitat.
Mondialisation et immigration brisent certaines coutumes liées au lémurien
Figure emblématique de Madagascar, le lémurien était sacré et considéré dans certaines ethnies comme la réincarnation des êtres disparus. La racine latine du mot, lemur, signifiant « spectre ».
Mais depuis plusieurs années, la pauvreté croissante et l’influence de la mondialisation tendent à briser les cultures traditionnelles. De plus, face à l’afflux de main-d’œuvre travaillant dans les mines, la demande en viande s’accroît, et des petits restaurants voient même le jour.
Bien que les lémuriens soient protégés depuis 1983, date à laquelle Madagascar a ratifié la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), les populations locales continuent partiellement à tuer ces animaux pour se nourrir.
Ces pratiques peuvent avoir un impact considérable à long terme sur ces animaux qui se reproduisent très lentement. En effet, les lémuriens n’atteignent l’âge adulte qu’à 9 ans et n’ont une progéniture que tous les 2 ou 3 ans seulement.
Une protection des écosystèmes malgaches, au rythme des crises politiques
Suite au coup d’état et à l’arrivée au pouvoir en 2009 d’Andry Rajoelina, l’exploitation illégale et le pillage anarchique des bois précieux des forêts à Madagascar ont explosé. De plus, la nouvelle politique mise en place n’ayant pas comme priorité la conservation des forêts et des réserves, il s’en est suivi une mauvaise gestion mêlée à de la corruption.
Condamnant le coup d’Etat, la communauté internationale avait gelé l’aide humanitaire et le financement de l’environnement et de la conservation.
En 2014, arrive au pouvoir Hery Rajaonarimampianina, qui, lui, semble au contraire très ouvert aux projets de conservation des écosystèmes malgaches.
Les lémuriens, utilisés comme des animaux domestiques à Madagascar…
Le marché des lémuriens, capturés en milieu naturel, puis vendus comme des animaux domestiques, s’est beaucoup développé.
Ils sont :
- soit achetés par des particuliers qui n’ont aucune connaissance des besoins biologiques des lémuriens.
Selon une étude réalisée par Temple University de Philadelphie, 28000 lémuriens sont détenus chez des particuliers. - soit par des hôteliers qui s’en servent comme argument de vente pour attirer les clients.
Une analyse de sites webs et de pages de réseaux sociaux a montré que sur 171 hôtels, 15% semblent détenir des lémuriens en captivité.
Bien que les promoteurs estiment que ces lémuriens détenus en semi-liberté dans des jardins privés, reçoivent tous les soins nécessaires, la capture et possession de cette espèce protégée restent illégales.
Pourquoi protéger le lémurien ?
La disparition du lémurien provoquerait l’éradication des forêts malgaches
La menace d’extinction des lémuriens de Madagascar, impacte la flore unique de l’île. Selon une étude menée par Sarah Federman de l’Université de Yale, l’extinction des lémuriens géants tel que le Palaeopropithecidae ou le Archaeolemuridae il y a plusieurs milliers d’années, a entraîné la disparition de certaines espèces d’arbres qui n’avaient plus d’animaux pour disperser leurs graines.
En effet, les lémuriens sont frugivores et dispersent les graines au cours de leurs déplacements à travers l’île via leurs excréments.
La disparition des lémuriens entraînerait donc des réactions en chaîne : la disparition des forêts restantes et des animaux qui dépendant de ces forêts pour vivre…
La protection de cette espèce a donc une portée plus globale sur la conservation des écosystèmes forestiers de Madagascar.
Le lémurien, emblème d’un patrimoine national mis en péril
Espèce endémique de Madagascar, les lémuriens font partie intégrante du patrimoine et de l’image à l’échelle nationale et internationale de l’île.
Beaucoup d’entreprises et d’associations, quel que soit leur secteur d’activité, utilisent ce petit animal comme effigie dans leur plan de communication/marketing. Tee-shirts, objets d’art, cartes postales, dessins animés alimentent sa popularité.
La protection de cette espèce est donc indispensable à la conservation de l’identité de ces acteurs économiques et plus globalement de celle de Madagascar.
La protection des lémuriens comme levier économique durable
La sauvegarde des lémuriens est indispensable pour l’économie du pays et notamment pour les populations locales qui vivent de l’activité des parcs nationaux.
Une des activités générant le plus de revenus à Madagascar est l’écotourisme. Les habitants tirent une large part de leurs revenus des activités touristiques, notamment des visites guidées à la rencontre des différentes espèces. Or, l’intérêt pour l’écotourisme à Madagascar repose en grande partie sur la présence de lémuriens sauvages.
Si les lémuriens disparaissent, la fréquentation touristique et scientifique diminuera, avec un impact dévastateur sur l’économie locale.
Sauvegarder le lémurien pour protéger la culture traditionnelle et spirituelle
Dans la tradition malgache, la protection du lémurien est importante pour se prémunir du mauvais œil.
Bien que certaines espèces, comme le aye aye nocturne, soit dite « de mauvaise augure », d’autres sont sacrées et selon les croyances populaires les tuer attirerait le malheur.
Selon une légende, l’Indri indri, est le descendant d’hommes s’étant réfugiés dans la forêt pour fuir la famine. Il est surnommé banakoto (« le fils de ») et il est tabou de le tuer et le manger.
Au Nord Ouest de Madagascar, dans la région de Majunga, l’ethnie Sakalava considère les lémuriens sacrés comme des descendants de la famille royale. Des offrandes sous forme de bananes et d’autres fruits leurs sont faites pour qu’ils exaucent les vœux des villageois : santé, fécondité et richesse.
La préservation de cette culture spirituelle est indispensable à la protection des lémuriens qui ont un lien traditionnel particulier avec les habitants de Madagascar.
C’est une évidence pour la survie de tout un Peuple, qu’il faut absolument protéger les Lémuriens..
Sans eux Madagascar et sa forêt disparaîtront..
Les villageois souffriront de la famine.
Les Lémuriens sont les protecteurs, de l’ile rouge…
Bonjour,
et merci pour cet article.
Je suis biologiste et je suis en charge des campagnes de Conservation pour Friend of the Earth /Friend of the Sea.
En Décembre, nous avons lancé une pétition pour demander aux grands opérateurs touristiques en ligne de déclasser les hotels avec des Lémuriens en captivité, vous pouvez ajouter votre signature ici:
http://chng.it/rQjGZt4Phy
La pétition est en anglais sur Change.org et a déjà 3000 signatures.
Merci Beaucoup et belle continuation à vous!
Virgnie Wyss